Ludovia poursuit son exploration des problématiques posées par le numérique dans les pratiques éducatives et ludiques en convoquant des approches pluridisciplinaires (sciences de l’éducation, cognitives, de l’information et de la communication, arts, informatique, etc.).
Pendant deux décennies, Ludovia a traité de l’immersion, de la convivialité, du faire soi-même, de l’espace et de la mémoire, de l’interactivité et des interactions, de la mobilité, du plaisir, de l’imaginaire, de la création et de la consommation, des appropriations et détournements, des formes d’attention, de présence et d’engagement, du partage, de l’échange, de la contribution et de la participation, des institutions, des représentations, des injonctions, du social, de l’éthique, du bien-être. Cette richesse a donné lieu à nombre de publications tant dans des ouvrages que des revues.
Le colloque scientifique international Ludovia fête cette année sa 20e édition dans le cadre de l’université d’été Ludovia 2024. Pour cet anniversaire, l’équipe a retenu une thématique qui peut être perçue comme un filigrane de l’ensemble des travaux :
“Quotidienneté & numérique”
Quotidienneté & numérique
Le numérique relève du quotidien pour la majorité de la population. Ce qui fut “l’avenir” au temps des NTIC vers 1995 s’est immiscé dans les pratiques et les usages journaliers. Qui n’a pas connu le monde sans Internet peine à imaginer comment serait l’existence sans lui. Les infrastructures de génie civil, les soubassements informatiques, les choix politiques et industriels de gestion des services se gèrent au niveau des États et des groupes industriels internationaux mais les utilisations des services connectés concernent avant tout des personnes, même quand elles apparaissent dans le cadre d’établissements, d’entreprises, d’associations ou d’autres structures.
L’importance du numérique sur la vie quotidienne revient régulièrement sur le devant de la scène médiatique. Elle se manifeste par des interrogations éthiques et pragmatiques comme la gestion des données personnelles, le développement des différentes versions de ChatGPT, les promesses de la technologie de changements dans la vie de tous les jours. La dialectique associant quotidienneté & numérique relève de dynamiques sociétales et individuelles.
C’est pourquoi interroger la quotidienneté est porteur d’enjeux scientifiques. Les disciplines ayant tendance à fragmenter le réel au regard de leurs objets et de leurs méthodologies, l’inscription du quotidien comme objet d’étude propose une focale au plus près des préoccupations des individus. Les questionner nécessite la mobilisation d’approches plurielles.
L’omniprésence quotidienne des dispositifs numériques redistribue en effet les approches organisationnelles dans les services et à la maison. Par exemple, le fait que les grandes enseignes proposent de commander en ligne puis de retirer ses courses au drive n’est pas neutre. Même quand le client se déplace, il peut n’interagir qu’avec des caisses automatiques à l’issue de ses processus décisionnels d’achat. Ces services ont été généralisés lors de la gestion de la pandémie. Les injonctions aux gestes barrières et au maintien de la distance, favorisées par le recours à des plateformes, ont laissé des traces. Cette organisation, pensée dans l’urgence et destinée à être temporaire, s’est partiellement inscrite dans la durée. Les impératifs de distanciation se sont manifestés jusque dans la gestion des contacts avec les objets utilisés collectivement en massifiant, par exemple, le recours au sans contact.
La vie quotidienne avec le numérique semble faire évoluer les relations sociales jusqu’à remodeler l’organisation sociétale. Est-ce alors que la modernité démocratique mettrait enfin à disposition des individus les moyens techniques de poursuivre des passions nourries de longue date. Serait-ce plutôt que ces outils auraient la capacité de générer et nourrir des passions nouvelles ? En d’autres termes, la quotidienneté numérique telle que nous la vivons et l’éprouvons est-elle révélatrice de ce que nous sommes ou de ce qu’est le numérique ?
Domaines et terrains d'application (liste non exhaustive)
Le colloque Ludovia 2024 rassemble des chercheurs de plusieurs disciplines. Les propositions de communication pourront donc concerner, sans que cette liste soit exhaustive :
En sciences humaines et sociales : des travaux centrés sur les relations dans une société du numérique au quotidien ;
En sciences de l’éducation et de la formation : qu’en est-il des approches du numérique à l’école au quotidien ? Comment les orientations décidées au niveau national ou régional se déclinent-elles in situ jour après jour en classe et hors les murs ?
En sciences politiques : la dématérialisation des services publics et des biens culturels et le développement des abonnements interroge la relation que l’individu entretient quotidiennement avec les concepts de propriété et de liberté ;
En philosophie et sciences formelles : la démocratisation de l’accès aux services et dispositifs tels que l’IA a notamment pour conséquence une réorganisation de la société autour de nouveaux usages, à penser et à comprendre ;
En santé, les dispositifs numériques mis à disposition des patients et des équipes de soignants modifient le quotidien, l’accès aux soins et les comportements ;
En esthétique : la numérisation du monde a notamment pour corollaire la multiplication des expériences esthétiques quotidiennes, que ce soit dans la création, la réception et le design ;
En études sur le jeu : l’usage généralisé des applications sur smartphones transforme l’espace en aires de jeu à programmer au quotidien.
Ces pistes de raisonnement ne sont pas exhaustives, toutes les propositions questionnant les interactions numériques au quotidien seront les bienvenues.
Bibliographie indicative
Cardon, D. (2013). Pour une typologie des métriques du web. 81e Congrès de l'ACFAS : Nouveaux prescripteurs et transformation des goûts à l'ère numérique : de la quotidienneté au Web 2.0, mai 2013, Québec, Canada, hal-00826467.
Cardon, D. (2019). Culture numérique. Paris : Presses de Sciences Po.
Certeau, M. d. (1980/1990). L'invention du quotidien, tome I : Arts de faire. Paris : Gallimard.
Certeau, M. d. (1980/1994). L'invention au quotidien, tome II : Habiter, cuisiner. Paris : Gallimard.
Dambuyant, M. (2023). Imposer le quotidien. Expériences de vie de porteurs condamnés au bracelet électronique (DDSE). Communications, 112, 89-99. https://doi.org/10.3917/commu.112.0089.
Domenget, J.-C. (2013). La fragilité des usages numériques : Une approche temporaliste de la formation des usages. Les Cahiers du numérique, 9, 47-75. https://www.cairn.info/revue--2013-2-page-47.htm.
Doueihi, M. (2008/2011). La grande conversion numérique, suivi de Rêveries d'un promeneur numérique. Paris : Seuil.
Fasula, P., Laugier, S. (dir.). (2021). Concepts de l'ordinaire. Paris : Éditions de la Sorbonne.
Ferrarese, E. Laugier, S. (dir.). (2018). Formes de vie. Du biologique au social. Paris : CNRS Éditions.
Fourquet-Courbet, M.-P., Courbet, D. (2020). Connectés et heureux ! du stress digital au bien-être numérique Paris : Dunod.
Ouakrat, A. (2015). Du rythme d’usage du smartphone aux rythmes de vie : les normes temporelles informelles des pratiques d’une population étudiante, Questions de communication, n° 27https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.9851.
Roelens, C. (2023). La modernité démocratique est un cimetière d’apocalypses. In Roelens C. et Pélissier, C. (dir.), Éthique, numérique et idéologies. Presses des Mines, 27-45.
Organisation scientifique
Modalités de soumission
Les propositions doivent être soumises jusqu’au 15 mai 2024 sur le site
La proposition comportera entre 2 000 et 3 500 caractères maximum. Outre le résumé de la communication, elle indiquera le statut et les titres du ou des auteurs(s) et la section scientifique de rattachement. Le résumé explicitera la méthode appliquée, le terrain d’expérimentation (s’il y a lieu) et les références. La réception de chaque proposition donnera lieu à un accusé de réception par courriel.
Organisation de la sélection des communications
La lecture des propositions se fera en double aveugle (deux lecteurs, ne disposant que du texte de la communication, sans les mentions liées à son auteur), l’un des lecteurs étant issu du champ de recherche correspondant à l’article, l’autre éventuellement extérieur. Chaque auteur recevra un avis qui indiquera l’acceptation (conditionnée ou non), ou le refus de l’article. Les propositions acceptées sous condition devront être modifiées en fonction des remarques des membres du comité de sélection.
Publication des actes
L’article définitif devra respecter les conventions typographiques et de mise en page qui seront envoyées dans une feuille de style type lors de l’acceptation de la proposition.
La taille de l’article sera comprise entre 25 000 et 30 000 signes, espaces comprises. Il sera envoyé par voie électronique sous la forme d’un fichier aux formats .doc, .docx ou .odt, contenant le titre, le résumé, le texte et, le cas échéant, ses illustrations numérotées. La publication dans les actes est soumise à la participation au colloque Ludovia.
Participation au colloque
Les auteurs retenus seront conviés à venir présenter leurs travaux dans le cadre d’une communication orale de 20 minutes. Ludovia ne prend pas en charge les frais de transport et d’hébergement. La publication dans les actes est conditionnée à la participation au colloque.
Calendrier (dates importantes)
Publication
Les résumés des articles acceptés, notes biographiques et de positionnement scientifique seront publiés sur le site de l’université d’été Ludovia : www.ludovia.fr
Les articles seront publiés par voie électronique après le colloque dans l’espace de publication du site Web du colloque en cours de refonte.
Une publication scientifique ultérieure s’appuyant sur les arguments de cet appel sera proposée dans une revue scientifique qualifiante ou un ouvrage et donnera lieu à une nouvelle procédure de sélection.
Date limite de soumission : 15 mai 2024.
Notification d'acceptation des propositions : 25 mai 2024.
Dates du colloque : du 26 au 29 août 2024.
Remise des textes complets pour publication (30 000 signes maximum) : le 20 décembre 2024.
Pour de plus amples renseignements, vous pouvez nous contacter :